Né à Paris le 18 novembre 1964, Guillaume Villaros passe son enfance aux États-Unis où son père est nommé à un poste d'ambassade. Au gré de leurs voyages, il découvre la beauté plastique et spirituelle des grands espaces américains où les formes et couleurs de la nature se combinent dans des scènes vibrantes et musicales. Il découvre aussi très jeune la National Gallery of Art de Washington et ses collections. Il n’a que 13 ans quand la famille rentre en France pur s'installer à Paris.
Après
un baccalauréat B il étudie les sciences économiques à l’université de Pairs II
Assas puis intègre l'Institut Supérieur de Gestion de Paris. Il obtient son
diplôme en 1990 et rejoint la direction financière de France Télécom. Actuellement
toujours chez Orange (ex France Télécom) Guillaume Villaros y exerce le métier de Community Manager de blogs internes mais aussi celui d'auditeur qualité.
Sa mère Lionella Fornara, d’origine Italienne (de Borgomanero dans le Piémont) peint. Elle suit des cours à l’atelier de Monique Baroni. San doute cela a-t-il permis à Guillaume Villaros de se familiariser avec les gestes et les mots du peintre. Mais à cette époque, il ne soupçonne pas encore qu’il puisse devenir peintre lui aussi.
Ce n'est qu'à 26 ans que Guillaume Villaros rencontrera vraiment la peinture : « J'ai découvert la peinture en donnant des cours d'anglais à un peintre. Un jour, il m'a dit : Essayez !, en me tendant une liste de matériels » A l’époque, Guillaume Villaros dirige une école de langues qu’il a créée avec un ami dans le cadre de ses études à l’ISG (une préparation aux examens du TOEFL et du GMAT). Les groupes de 10 élèves sont complets. Un onzième se présente ; à pile ou face c’est lui qui le prend en charge en cours particuliers. « Nous avons beaucoup parlé peinture. J’ai attendu près d’un an avant d’acheter le matériel mais une fois installé à ma table, dans ma petite cuisine, une fois les premières touches apposées - sur un carton toilé - la couleur s’est alors révélée à moi. Depuis, c’est elle qui me guide » explique t-il.
Pendant cinq ans, Villaros travaillera son geste. Il cherche, expérimente, apprend des livres dans lesquels il admire les maîtres. Il est frappé par l'école impressionniste et se sent particulièrement proche de Cézanne dont le travail sur la composition et les jeux de lumière l'émerveille. Ce grand artiste sera un modèle de perfection pour Villaros et une source d'inspiration dans son propre parcours créatif.
Le raisin |
Les oranges |
La peinture, d'abord source de jeu et de plaisir, devient très vite une passion exclusive. Ses premiers efforts artistiques sont spontanés, mais son travail devient vite plus construit. La composition y tient une place importante. Dans ses peintures, le sujet prend vie grâce à une approche toute particulière de la lumière et de la matière.
La matière sera justement à la base de son évolution. Aux premiers travaux à la brosse, suivent ensuite des œuvres travaillées au couteau. C'est lors d'un stage en Ardèche an 1992, auprès de Jeanne Bertrand-Morel, qu'il découvre cet instrument. Dès lors, les possibles sont infinis et Villaros se plonge dans la matière avec une sensualité assumée : la pâte, l'épaisseur, les couches, les passages du couteau apportent peu à peu force et consistance à ses travaux.
Jardin d'hiver - 5 figures - Collection Personnelle |
Bouquets au mur rouge - 15 Figures Collection Personelle |
Duo rouge à la fenêtre - 5 Figures |
Il expose en 1991 à l'Hôtel de Ville de Thiais. Marquée par la force de son travail, l'harmonie de la composition et son approche de la couleur, Jeanne Bertrand-Morel lui offre sa première exposition avec elles. Déjà, ses œuvres classiques et modernes mettent le spectateur en contact avec le désir et le rêve.
La découverte du travail de Nicolas de Staël, "l'ange foudroyé", sera pour Villaros un vrai choc. Confortant son approche personnelle déjà engagée sur la voie du travail au couteau, il va mesurer le chemin qu'il lui faudra parcourir dans la solitude de son atelier.
Le vase gris - 15 figures |
MA TECHNIQUE : La peinture au couteau
Il faudrait un livre entier pour expliquer la peinture au couteau. Nous tenterons ici d'aller à l'essentiel, de manière à pouvoir saisir le caractère des œuvres présentées ici.
Je dirais que peindre au couteau, c'est avant tout faire corps avec la matière. C'est se laisser envelopper par elle, happer sur la toile au rythme des passages du couteau.
Si l'on peut peindre en finesse avec le couteau, son intérêt réside avant tout dans le fait qu'il permet de travailler dans le frais, en épaisseur et de donner à l'œuvre matière, volume et volupté. La peinture au couteau ne peut s'entendre, à mon sens, sans évoquer la richesse des superpositions, la vibration des glacis ou encore la douceur d'un aplat.
Chacun exprimera sa vision de la peinture au couteau. Chacun pourra aussi exprimer ce qu'il ressent en regardant une peinture réalisée au couteau. Toucher la matière du bout des doigts pour en sentir les effets et saisir toute la vibration d'un glacis est un jeu délicieux.
Couteaux à peindre |
Peindre au couteau sur toile
Il y a toutes tailles de couteaux à peindre. Selon le sujet et les étapes de son travail, le peintre choisira l'un plutôt que l'autre : un étroit et court pour dessiner des éléments avec précision, un plus large pour des effets de volumes, un grand pour des aplats larges et puissants.
Travailler au couteau est un vrai régal. D'ailleurs, le couteau est depuis longtemps l'unique outil dont je me sers. Un pinceau ou une brosse plate me permettront parfois d'affiner certains détails, mais l'essentiel sera fait au couteau.
Les sujets sont tout d'abord sculptés dans la pâte fraîche apposée en couche d'un millimètre sur l'ensemble de la surface. Le couteau devient alors mon crayon, il dessine les éléments du sujet les faisant ressortir du fond par des reliefs plus ou moins prononcés, selon la force d'application du couteau sur la toile.
Le sujet est sculpté dans la pâte fraiche |
Ici, le pigment sera pris directement du tube et posé sur le couteau, ou pris avec le couteau directement dans le pot. J'aime la matière, j'aime la sentir se répandre sur la surface de la toile en couches épaisses, qui vont peu à peu s'épouser pour donner corps au sujet, force et vigueur à l’œuvre.
L'adjonction de gel structurant permettra de donner de la consistance à la matière, quand parfois elle sera trop liquide. Cela servira aussi à créer des empâtements aux effets étonnants.Une fois le sujet construit, il attendra d'être sec au toucher pour que puisse débuter tout le travail de glacis qui va, peu à peu, donner au sujet sa force, ses vibrations, son âme.
Une première couche de peinture transparente va être superposée à celle déjà sèche. l'effet lumineux produit va donner un effet de profondeur tout en nuances. En modifiant légèrement la teinte déjà présente, le glacis apportera une ambiance chromatique particulière à l’œuvre. Légèreté et transparence seront rendus possibles par les couches apposées entre deux séchages. Une superposition multiple offrira des effets étonnants.
Voir l'article : Travailler dans le frais...
Je vous invite à regarder cette vidéo où vous verrez l'usage du couteau en direct (sur You Yube).
https://www.youtube.com/watch?v=xFQGkbQMt9U
La peinture au couteau sur papier
La peinture au couteau sur papier sera proche de celle sur toile dans les principes. Toutefois, le papier est différent de la toile et l'approche sera donc plus proche de celle de l'aquarelle. La peinture à l'acrylique étant une peinture à l'eau, cela permet de travailler la matière dans sa fluidité naturelle ou celle obtenue par adjonction d'eau en quantité mesurée.
Ateliers portes ouvertes de Montreuil (93) - 2018 |
Ce qui apparaît avant tout est la transparence. Dans ce tableau, on peut voir le blanc du papier transparaître derrière les couches de pigments. Ces dernières ont été apposées de manière très fines, le couteau glissant sur le papier de haut en bas et déposant une fine pellicule translucide de matière. Du bleu, du noir, un peu de rose et du jaune...
Cliquez sur l'image pour l'agrandir et voir cette lumière entrer dans le sujet.
La
peinture au couteau sur papier est aussi pour moi l'occasion de tenter
des harmonies de tons audacieux. Sans doute cela tient-il à la manière
dont le pigment se pose à la surface et dont celle-ci l'absorbe.
Curieusement, la force des pigments me semble être plus grande sur le
papier que sur la toile où la saturation peut vite retirer de son éclat
premier à un pigment. La superposition des pigments, déposés en glacis
très fins, ajoute bien sûr à cette transparence, offrant ce coté
évanescent aux tons.
Comme tout travail à l'eau, tous ceux qui font de l'aquarelle le savent, il faut avoir une idée très précise de ce que l'on veut dire. Ici, le repentir n'a pas cours. Si on se trompe, on recommence !
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La peindre est une écriture. Chaque touche est un mot.
Dans son premier roman Incandescence, Guillaume Villaros raconte le travail du peintre.
INCANDESCENCE -
Roman disponible sur http://thebookedition.com
Voir la collection Villaros
Guillaume Villaros : 06 81 24 63 58
http://villaros.com/
guillaume@villaros.com
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